Lundi, c'est la rentrée,
il est temps de publier le 3ème et dernier épisode
de notre feuilleton de l'été sur
les Samplers des Orphelinats de Bristol.
Et cet épisode est enfin consacré aux samplers eux mêmes,
comme celui de Mary Ann Tipper 1868
du Fitzwilliam museum.
(Cliquez sur les images pour voir leur origine)
Rien de plus facile que de reconnaître au premier coup d'oeil les samplers de Bristol :
de grands samplers monochromes rouges,
sur toile blanche ou écrue,
des samplers très remplis, chaque cm2 est occupé,
avec en haut des alphabets, des séries de chiffres,
dessous plein de frises et des motifs d'angles.
Très peu de motifs figuratifs, parfois un seul : la Bible
Cette dernière est omniprésente sur les samplers de Bristol
(nous en avions parlé ICI)
Des samplers d'une grande sobriété, presque sévères
Margaret Churchill 1867
On est loin des magnifiques samplers décoratifs et colorés,
avec paysages et fleurs, brodés en soie par les petites filles des riches familles.
On retrouve ici l'origine même des samplers et marquoirs :
des exercices pour marquer le linge,
pour savoir broder des initiales sur un mouchoir par exemple
et éventuellement y ajouter un angle ou une petite frise décorative.
Et pour ces jeunes orphelines généralement destinées à être employées
comme femme de chambre dans de riches maisons,
ce sampler était une sorte de CV,
il permettait de voir ce que savait faire la brodeuse, la qualité de son travail.
Car il faut aussi savoir que ces samplers étaient brodés sur des toiles très fines.
Celui de Mary Ann ne fait que 29 x 37cm,
il a dû, d'après mes calculs, être brodé sur une toile 24 fils environ (60 count)
Beaucoup de Bristol commencent par cet alphabet
qui devaient être si élégant sur du linge fin.
En plus d'être un exercice, le marquoir était une sorte de catalogue
qui allait accompagner la brodeuse toute sa vie :
plus il était rempli, plus elle aurait donc de modèles à sa disposition
pour marquer et orner le linge dont elle aurait la charge.
Ces grand samplers fins et richement remplis étaient la pièce finale des élèves de Bristol,
celle qu'elles brodaient vers l'âge de 15 ou 16 ans,
mais avant cela, elles pouvaient broder de plus petits ouvrages,
comme celui de Florence Lancastle âgée de 13 ans par exemple.
(catalogue Stitched in adversity, Witney Antiques).
Sur certains samplers, comme celui de Margaret,
On retrouve le nom de la brodeuse, la date,
parfois aussi la maison dans laquelle elle vivait.
nous en avions parlé (ICI),
D'autre fois on ne retrouve que les initiales de la brodeuse,
parfois accompagnés d'autres initiales, voire d'autres noms,
sans doute ceux de ses amies dans la maison d'Ashley Down.
Et souvent, plutôt que les initiales ou les noms de ces amies,
elles brodaient carrément leurs matricules
comme sur le sampler de Margaret,
une liste cachée au milieu des alphabets ;-)
(cette pratique n'était pas propre à Bristol cependant).
Voici le sampler de K. Durting
Elles a joliment tout mélangé :
prénoms des amies, initiales, matricules.
Et là, vous vous dites :
"Mais .... il y a des motifs figuratifs sur celui de Miss Durting !"
Oui, il peut y avoir des motifs, généralement regoupés en bas.
Mais le catalogue de motifs est très limité, tout simplement sans doute
car elles auront peu l'occasion de les utiliser
dans leur vie professionnelle.
Celui de EE est aussi particulièrement riche en motifs.
En fait, on retrouve toujours les mêmes motifs.
Toujours la même grosse couronne, le même cheval,
la même vache, la même maison, le même train, les mêmes bouquets,
le même bateau, le même éléphant, etc.
Vous avez sur cette image le sampler de K Durting, celui de EE,
et celui de Emily Towler (visible ICI).
Bien sûr, comme toujours, la science des samplers n'est pas une science exacte,
et il peut y avoir des exceptions.
Des samplers moins remplis, plus petits, plus simples,
peut être réalisés par des enfants plus jeunes .... ou moins douées.
Sur d'autres, on pourra voir du fil bleu, vert, ou noir, mais c'est très rare.
Certains Bristol peuvent aussi avoir une composition en carrés, comme ces 2 exemples,
mais on retrouve les alphabets, les frises et les motifs que l'on a déjà vus.
Celui d'Effie Hooper
et celui de Lilla Sarah Bond.
Très rare exemple de Bristol polychrome.
Et voilà,
j'espère que ce feulleton d'été vous a interessées.
Bon week end,
et bonne rentrée à tous les petits vacanciers que vous aimez.