Clémence Jauneau 1889
11 ans !
Clémence n'avait que 11 ans quand elle a brodé ce marquoir
pourtant si grand, si dense,
chaque centimètre carré est utilisé pour broder des fleurs,
des oiseaux, plein d'oiseaux, encore des oiseaux,
et bien sûr cette impressionnante frise de roses.
Clémence Jauneau 1889
Clémence Marie Louise Jauneau est née le 5 octobre 1878.
Elle est la troisième et dernière fille de Pierre Jauneau, 36 ans, couvreur,
et Louise Désirée Lechable, 34 ans sans profession.
Ses deux grandes sœurs se prénommaient Marie et Eugénie,
et avaient respectivement 10 et 8 ans quand Clémence est née.
La famille habitait Souday dans le Loir-et-Cher,
à peu près à mi-chemin entre Le Mans et Chartres.
Aujourd’hui Souday a été intégrée dans la communauté
de commune de Couëron-au-Perche.
Clémence s’est mariée à 22 ans, le 9 juin 1900
avec Prosper Auguste Beaudouin, 24 ans, cultivateur.
Les archives postérieures à 1910-1920 ne sont pas consultables en ligne,
j'ai cependant retrouvé le couple sur le recensement de 1906, toujours à Souday,
il semble qu'ils n'avaient pas d'enfants.
Une note ajoutée sur son acte de naissance nous apprend juste
que Clémence est morte le 13 mai 1963 à Souday
où elle a visiblement passé toute sa vie.
Clémence était élève dans un établissement religieux,
les sœurs de Notre-Dame à Souday.
cependant il n'y a presque pas de motifs religieux sur ce marquoir
à part une discrète croix en haut, et le monogramme de Marie intégré à la frise du bas.
Comme motif central, au lieu d'une immense croix, d'un grand calice,
ou d'énormes cœurs de Jésus et Marie comme on en voyait beaucoup à l'époque
les sœurs de Notre-Dame ont proposé à Clémence un ravissant nid d'oiseaux
au milieu de fleurs d'églantiers.
(j'ai d'ailleurs vu sur Instagram que certaines avaient l'intention de ne broder
que le nid, pour faire un petit cadre, un dessus de boîte en cartonnage, pourquoi pas !)
Je crois que les sœurs de Notre-Dame à Souday voulaient
que leurs petites élèves prennent plaisir à broder
et tout brodeuse normalement constituée ne sait pas résister aux roses,
aux oiseaux, à leurs mille couleurs.
Et quel bonheur aussi de broderun petit chien, un chaton ...
ou un joli canard blanc
Au milieu de tous ces oiseaux, le tendre alphabet passe presque inaperçu
L'original que voici est brodé en laine sur canevas.
J'ai choisi de l'interpréter en soies d'Alger sur une toile 16 fils.
Quelques photos de la reproduction (à gauche) et de l'original (à droite).
Les couleurs de l'original sont a peu près bien conservées,
comme souvent, ce sont les bleus, et surtout les mauves qui ont le plus mal vieilli.
J'ai brodé avec les couleurs visibles à l'arrière du marquoir pour retrouver
les roses blanches bleutées.
Si vous avez envie de broder toute une volière
ou juste quelques oiseaux
la grille est disponible chez Creative Poppy
En français CLIC
English chart : CLIC
Bon week-end à toutes et tous
Des soldats brodeurs
Je vous avais déjà montré l'ouvrage d'un soldat anglais
Joseph Pattison
pendant le première guerre mondiale, c'était ICI
On avait également parlé d'Ernest Thesiger ICI
Il faut croire que je suis fascinée par le décalage
entre la violence et le tumulte de la guerre
et la douceur et le calme de la broderie,
car aujourd'hui nous allons évoquer deux autres brodeurs :
un anglais pendant la deuxième guerre des Boers (1899-1902)
et un français pendant la première campagne de Tunisie (1881-1888)
Laissons de côté la légitimité, ou plutôt la non-légitimité de ces guerres,
et regardons juste ces œuvres surprenantes de soldats qui brodent.
On lit Boer War (guerre des Boers) 1902-1902
et le prénom du brodeur, Jim (pas de nom)
Il brode cet ouvrage comme une lettre pour sa sœur
restée dans leur "bonne vieille maison",
lettre brodée, précise-t-il, sur un morceau de son manteau
Plus travaillés, plus aboutis sont les ouvrages
de Baptistin Pourchier
Un premier , daté 1886
pour garder en mémoire chaque étape de 1883 à 1886,
chaque ville traversée
"Adieu l'Afrique, Au revoir la France"
et un deuxième pour immortaliser les paysages.
Selon mes calculs, il devait avoir 26 ans quand il a brodé ce
"souvenir de Tunisie"
Bon week-end à toutes et tous
oh les jolies jambes !
Bon, j'imagine que vous savez toutes
que rien ne vaut de jolis bas pour mettre en valeur vos jambes.
La transparence, la broderie, la dentelle, la résille ....
tout ça, vous connaissez !
Et nos arrières arrières arrières arrières.... grands-mères
savaient aussi combien un joli motif brodé
pouvait attirer l'œil sur leurs fines chevilles
(oui, à l'époque, une dame convenable ne pouvait guère
dévoiler plus que sa cheville).
On ne pouvait pas encore jouer sur la transparence,
les bas étaient tricotés et les motifs étaient aussi tricotés,
ou brodés ensuite sur le tricot.
Voici une page d'un catalogue allemand de 1676
proposant des motifs spécifiquement dessinés pour
être tricotés ou brodés sur les bas.
Mais quel rapport avec les samplers ?
Et bien le voici ....
Et oui, ils sont très rares, mais il existe bien des samplers
de motifs pour bas !
celui-ci est italien (photo noir et blanc hélas)
On peut se demander pourquoi cette forme particulière
avec un gros motif floral ou géométrique en haut
et deux petites bandes dessous.
Vous allez comprendre,
ces photos valent mieux qu'un long discours.
Sur ce sampler la partie basse propose aussi des petites motifs variés
qu'on pouvait broder sur les bas en lignes, ou en semis.
Deux autres samplers encore
Et un dernier :
il est ravissant et vient du livre
"Mistertücher, Stickmuster aus drei Jahrhunderten"
de I. Hundt, et L. Mootz
et dans ce livre, vous avez la grille pour le broder si vous voulez.
Je rappelle le principe des samplers :
la petite fille apprenait à broder
tout en se constituant un catalogue de lettres et de motifs
auquel elle pouvait se référer ensuite toute sa vie
pour broder son linge.
J'imagine que ce genre de sampler était plutôt brodé
par des jeunes filles destinées à devenir
lingères ou domestiques
et qui avaient ainsi des exemples de motifs à broder sur les bas de leurs employeurs,
hommes ou femmes car ces messieurs aussi aimaient mettre leurs jambes en valeur.
Ce motif ressemble un peu à une horloge, à son balancier.
C'est pour cela que les anglais l'ont appelé Clock (ou clox) qui veut dire horloge.
Et si vous tappez Clocked stockings sur internet (stockings = bas)
vous verrez de nombreuses photos de bas ainsi décorés,
des anciens,
mais aussi des déclinaisons modernes comme celle-ci
j'avoue que si elle n'était pas vendue aux US, je me serais bien laissée tenter
Bon week-end à toutes et tous
il pleut ?
c'est pas grave, vous pouvez vous mettre au coin du feu
et commencer à tricoter/broder vos clocked stockings !
La sieste
La sieste
C'est ainsi que j'ai appelé ce petit coussin à épingles.
Monsieur dort .... pendant que madame travaille
Comme d'habitude, mon ouvrage du 1er janvier 2023
aura été le petit coussin à épingles
destiné à m'accompagner toute l'année.
Cette fois ci, ce n'est pas une reproduction d'un marquoir ancien
mais j'ai utilisé des motifs trouvés sur un marquoir ancien,
en l'occurrence celui de A.I. Dirix, daté de 1823
Sans doute un marquoir belge.
J'ai brodé le coussin en soie d'Alger, en 1/2 sur une toile 16 fils.
Et comme vous le voyez sur cette image,
l'original est beaucoup plus fin :
A.I. Dirix a brodé en 1/2 aussi, mais sur une toile 24 fils !
Le petit cerf
Au dos j'ai comme d'habitude brodé mes initiales et l'année.
La frise aussi vient du marquoir de A.I. Dirix
Tout est brodé en 1/2 sauf ce petit oiseau qui est en 1/1
Si ce coussinet vous plaît et que vous avez envie de le broder
la grille vous est offerte sur la page Facebook de Couleur Tourterelle
(et comme d'habitude, je précise qu'il n'est pas nécessaire d'avoir
un compte Facebook pour accéder à cette page)
Maintenant, je vais déménager mes épingles,
elles vont quitter le canari 2022
pour rejoindre le cerf 2023
et je vous souhaite un très bon week-end.
Exit 2022, Vive 2023
Comme la semaine dernière, voici un petit montage
à partir d'une marquette de ma collection
pour vous souhaiter une
Bonne Annéééééééée 2023
Une année pleine de bonheur pour vous et votre famille
une année sans pandémie, sans guerre,
une année de PAIX,
une année de LIBERTE pour les femmes du monde entier,
une année de respect de la vie qui nous entoure.
Et pour en revenir à la thématique de ce blog,
pour respecter la tradition,
voici ma petite recap habituelle des ouvrages de l'année.
Comme d'habitude, l'année a commencé
avec un petit coussinet, la Marquette au canari
suivi par un charmant chien et son panier
Pas d'année réussie sans un petit rouge
.... et un petit bleu
Il y a eu des oiseaux :
un pinson de nos jardins
et un autre plus exotique
Encore de l'exotisme avec
le paysage de Maria Lhomme
et un peu de posésie avec le tendre compliment
d'AG 1893 à ses parents
Il y a eu deux Jeanne cette année,
Jeanne Bernard et ses oiseaux
et Jeanne Podebon 1906 avec son âne
Il y a eu deux douceurs,
Marie-Joséphine Brayard 1856 toute de rose vêtue
et le cygne de Zélie Lecoeuvre 1873
Et enfin il y a eu deux marquoirs en longueur
le marquoir belge de Catherine Elisabeth Masson 1826
et le marquoir français d'Annaïs Hermitte 1856
Et il y en a eu d'autres brodés cette année,
mais je garde la surprise, et en 2023 je vous présenterai
Eugénie, Clémence .... et bien d'autres.
Je me rends compte que je ne brode plus que des repros de ma collection.
Quand je me torture l'esprit pour dessiner la grille d'un marquoir très abimé,
pour trouver les bonnes teintes, la bonne toile, je me dis
"Après celui-ci, je brode un marquoir de quelqu'un d'autre, pour me reposer"
oui mais voilà, il y a à chaque fois un marquoir de ma collection
qui crie plus fort ..... et qui m'entraîne dans une nouvelle aventure.
et maintenant
Champagne !!!!!!!