Jeanne Podebon 1906 - 2 et fin
Nous sommes le 1er mars 1896, à Chateauroux
au numéro 5 de la rue Grand Saint Christophe,
une des premières maisons de la rue, tout au bord de l'Indre.
Il est midi et demi et Clémence Larmignat, une couturière de 24 ans,
donne naissance à une petite fille
Jeanne Marie Madeleine
Le papa se nomme Jules Alphonse Podebon, il est serrurier et il a 31 ans.
14 ans plus tard ...
nous sommes le 21 janvier 1910, il a plu sans discontinuer depuis des jours.
L'Indre grossit, grossit, elle sort de son lit et inonde la ville.
Un évènement dramatique qui fait la une de tous les journaux.
La rue Grand Saint Christophe inondée est immortalisée sur des cartes postales.
Inutile de dire que les premières maisons sur les rives de la rivière
sont complètement inondées,
hors depuis 4 ans, une merveille était accrochée au mur
du numéro 5 de la rue Grand Saint Christophe : le marquoir de Jeanne
marquoir original
Le drame semble inévitable !
Oui, un terrible drame .... a failli avoir lieu :
l'âne et le chien de Jeanne ont failli périr noyés !
Inutile de vous dire que j'ai un peu brodé autour de cette histoire .
Je ne sais pas où était le marquoir de Jeanne pendant la crue,
mais en tout cas il a été sauvé, pour le plus grand plaisir de Jeanne,
pour mon plus grand plaisir, et aussi pour le votre je l'espère.
Jeanne avait 10 ans quand elle l'a brodé, il est en laine et coton sur canevas.
Les couleurs ont bien résisté au temps et il est encore plein de fraicheur.
La frise et l'alphabet, je vous en avais déjà parlé ICI
Repro en haut et original en bas
Et voici maintenant le motif principal,
la fable préférée des marquoirs français : L'âne et le chien
repro
repro à gauche et original à droite
Si ce motif a été très souvent brodé, c'est parce qu'il était proposé
dans un des catalogues de modèles les plus populaires à l'époque:
les catalogues Sajou,
et c'est aussi dans un livret Sajou que Jeanne a trouvé les motifs
brodés de part et d'autre de la fable centrale
Une légion d'honneur toute bleue
Et ce qui semble être un bateau à vapeur,
mais attention, pas n'importe quel bateau à vapeur :
c'est un cuirassé !
Jeanne a jugé bon de le préciser (ce qui n'est pas le cas dans le livret)
repro à gauche et original à droite
Certes, elle a choisi ces motifs car c'était ceux proposés dans le catalogue,
mais le bleu éclatant de la décoration
et la fière mention "Cuirassé" me font penser que Jeanne les a
choisis et brodés animée d'une vraie fierté patriotique.
Il faut dire qu'à ce moment là, les cuirassés étaient des navires de guerre
prestigieux et admirés.
De 1850 jusqu'à la fin de la deuxième guerre mondiale, les chantiers navals
français et britanniques rivalisèrent de savoir-faire pour lancer des cuirassés
toujours plus puissants et impressionnants.
Le premier cuirassé français, le Napoléon
Et à l'époque, il faut dire aussi qu'il ne suffisait pas
d'envoyer un ballon rond dans un but
ou d'écrire une chansonnette à succès pour avoir la légion d'honneur
Cet âne noir avec un selle rouge n'a-t-il pas fière allure ?
Repro à gauche et original à droite
Vous remarquerez que les deux animaux sont cernés d'un point de trait.
De même que les lettres du nom de Jeanne.
Un petit raffinement de plus dans cet ouvrage impressionnant
pour une fillette de 10 ans.
J'ai choisi de le broder en soies d'Alger sur une toile 16 fils.
Et si vous voulez vous aussi broder le marquoir sauvé des eaux,
vous le trouverez comme d'habitude chez Creative Poppy
En français : CLIC
English chart : CLIC
Et en ce qui concerne la suite de l'histoire de Jeanne,
je ne peux pas vous raconter grand chose, les archives consultables en ligne
s'arrêtant au début du XXème,
je sais juste qu’elle deviendra madame Broquet,
et qu’elle mourra le 21 août 1961 à Bourges, à l’âge de 65 ans.
Bon week-end à toutes et tous.
Repro à gauche et original à droite