6 draps, 12 torchons, 24 serviettes ....

Ouvrons ce billet avec un détail du superbe tableau 

l'armoire à linge

du peintre flamand Pieter de Hooch

Mais le véritable sujet du billet, ce sont ces petites marquettes

du début du siècle dernier aux Pays Bas

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J'avoue que je me suis longtemps demandé

ce que signifiaient ces chiffres sous les initiales.

Des âges ? des années ?

En fait, c'est tout simple,

ces marquettes nous ramènent à la définition même des marquoirs :

ce sont des exercices pour apprendre à  marquer le linge de maison.

Si on était riche, on pouvait confier son linge à des blanchisseuses

qui grâce aux marques pouvaient rendre

chaque pièce à leurs légitimes propriétaires.

Les blanchisseuses - Marie Petiet 

Si on lavait son linge soi-même, on ne le faisait généralement pas seule,

on retrouvait les copines au lavoir, 

mais il  ne fallait pas qu'une serviette s'égare dans le panier de la voisine

Femmes au lavoir vers 1850

N'oublions pas aussi qu'on ne lavait pas le linge aussi souvent qu'aujourd'hui, 

on attendait les beaux jours et on faisait de grandes lessives collectives

puis on étalait tout ce linge sur l'herbe.

Vous comprenez bien la nécessité de pouvoir trier tout ça ensuite 

Joos de Momper - jour de marché et de lessive

Revenons à nos brodeuses : 

après les traditionnels alphabets et les suites de chiffres,

elles brodaient plusieurs exemples de marquages. 

C'est à dire des initiales,

(elles s'exerçaient généralement avec les initiales

des membres de leur famille, ou celles de leurs amies),

et ensuite le nombre de pièces de linge que l'on avait.

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Ainsi à cette époque j'aurais brodé mes initiales:  MC

Si j'avais 6 draps, sur chacun de ces draps j'aurais brodé

MC

6

si j'avais 12 torchons, sur chacun d'eux j'aurais brodé

MC

12

C'est ainsi que j'aurais pu vérifier que j'avais bien récupéré mon trousseau au complet

avant de le ranger dans l'armoire

C'est pour cela que l'on retrouve toujours les mêmes nombres

sur ces marquettes hollandaises

car souvent le linge de maison va par 6, par 12, par 24 etc.....

Sur cet exemple, pas d'alphabet, juste des marques

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Sur cet autre exemple, notre brodeuses avait de l'ambition elle est même allée jusqu'à 80

Qu'imaginait-elle avoir en 80 exemplaires ? des serviettes ? 

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Ces petites filles du début XXème furent les dernières à marquer leur linge

et à fréquenter les boutiques des blanchisseuses

et certaines d'entre elles auront été les premières à utiliser ..... ça

modèle de 1950

Fini le marquage du linge,

il est devenu inutile puisque le linge ne sort plus de chez soi.

Bon allez, j'vous laisse

Il fait beau, j'vais en profiter pour faire une lessive 

Bon week-end à toutes et tous

Comments

[NiniDS]

Passionnant, comme toujours, merci pour le partage... on apprend toujours quelque chose avec toi.

J'ai retrouvé du linge marqué dans la maison de ma tante (hélas dans un triste état)... je me souviens également que ma mère n'a pas toujours eu une machine à laver, et du travail que cela représentait de laver son linge à la main, le faire bouillir...

Belle journée, bises

[Ainsi soit fil]

Si c'est utile de marquer le linge quand les enfants partent en classe de découvertes... Au quotidien ils ne reconnaissent déjà pas toujours leurs vêtements!!!! Bonne soirée

[Marie-Libellule]

Merci pour cet interessant article! Je viens de relire "L'Assommoir" de Zola. Gervaise est blanchisseuse et le monde des lavoirs et des blanchisseries du XIX y est décrit dasn tous ses détails. Bisous

[Michèle L]

Merci pour ces informations ; Avec ce beau soleil la lessive a dû sécher rapidement ......

[Tempus fugit]

J'aime bcp ta conclusion !

Chez The Scarlet letter, il y a un sampler qui évoque explicitement les détails du trousseau.