Florentine Picard 1841 - 2
Florentine Picard , âgée de 10 ans en 1841
Pas toujours facile de retrouver la trace d'une brodeuse qui ne dit pas où elle vit.
Mais en plus de sa date de naissance,
Florentine nous a laissé un indice important :
elle a brodé une grande cathédrale au centre de son marquoir.
Un motif qui nous oriente plutôt vers le centre ou l'Ile de France .
Autre indice utile, l'existence d'un marquoir pratiquement identique,
brodé par une petite fille du même âge, Euphrasie Renout.
âgée de 9 ans en 1840.
Il fallait chercher deux petites filles nées en 1831, et habitant au même endroit.
Voici l'histoire réelle, puis imaginaire,
de Florentine et de son amie Euphrasie.
Marie Augustine Florentine Picard
est née le 24 novembre 1831
(il n'était pas rare que le prénom usuel ne soit pas le premier)
Elle est née à Richebourg dans les Yvelines, au lieu dit Saulx.
Son père Thomas Louis Romain Picard avait 33 ans,
il était journalier, et originaire du Calvados,
Sa mère Marie Monique Jardinier avait 25 ans, elle était née à Richebourg.
Le couple eut ensuite une autre fille, Denise Isabelle, née en 1834.
Florentine se marie le 12 mai 1851 à Richebourg
avec Victor Felix Tourneville, domestique.
Il n'est pas mentionné de profession pour Florentine.
Au fil des actes de la famille, on découvre que Victor,
domestique au moment de son mariage, sera ensuite voiturier,
puis cultivateur et enfin fruitier.
Florentine et Victor eurent trois filles
Marie Florentine née en 1858
Victorine née en 1863
L'acte de naissance de Victorine n'indique que ce prénom.
et pourtant, sur tous les recensements, les actes de successions, etc,
elle était prénommée Blanche …. pratique pour les recherches ! :-(
Et enfin Marie Léa, née en 1866.
En 1877, toute la famille assiste aux noces de Marie Florentine
puis de Victorine, alias Blanche, en 1884.
Hélas Victor, le mari de Florentine meurt en 1898,
Le recensement de 1901 nous apprend que Florentine a repris le métier de son mari,
elle est fruitière et habite toujours à Saulx
avec sa fille Marie Léa, qui était restée célibataire et exerçait le métier de couturière.
Je perds la trace de Florentine à ce moment là.
Sur le recensement de 1906 , je vois que Marie Léa vit seule,
non plus à Saulx mais dans le village même de Richebourg.
Je ne retrouve pas Florentine.
Sans doute est-elle morte entre 1901 et 1906,
mais je n'ai hélas trouvé aucun acte de décès, bizarre.
Et Euphrasie ?
Euphrasie Eulalie Renout
est née le 19 avril 1831.
Elle n'est pas née à Richebourg mais à Orvilliers,
commune mitoyenne de Richebourg, au lieu dit Favières.
Elle est la fille de Jacques Charles Renout et de Joséphine Muret,
Elle était l'ainée de 4 enfants, après elle il y eut Sidonie, Arline et Césarine
Elle épousera Jean Baptiste Macret en 1850 et ils eurent deux enfants,
Sidonie Théodorine en 1851 et Narcisse en 1854
Euphrasie mourra le 20 juillet 1910 à Orvilliers.
Alors où ces deux petites filles se sont-elles retrouvées
pour broder le même marquoir ?
Ici commence leur histoire imaginaire.
On pourrait logiquement penser qu'Euphrasie fréquentait l'école d'Orvilliers,
et Florentine celle de Richebourg.
Mais si on regarde la carte, on voit qu'Euphrasie qui vivait au lieu dit Favières,
était à peu près à mi chemin entre Orvilliers et Richebourg
Sachant que sa mère Joséphine Muret, était originaire de Richebourg,
peut-être avait-elle plus d'attaches à Richebourg et allait-elle à l'école la bas ?
Du coup, en fouinant et farfouillant, je me suis fait mon petit film
que je vais vous raconter.
Mais bien sûr, ce ne sont que des suppositions.
J'ai cherché s'il n'y avait pas des institutions religieuses plus susceptibles
de faire broder ce genre d'ouvrage que les écoles communales.
Et j'ai découvert qu'au château de Richebourg situé au centre du village,
il y avait eu une école de filles dirigée par des religieuses
mais elle aurait été fondée après 1845 par la nouvelle propriétaire du château.
Or nos marquoirs ont été brodés en 1841, ça ne colle pas à priori.
Mais pourquoi ne pas imaginer que la nouvelle propriétaire n'a pas juste développé
une activité déjà existante au château du temps des anciens propriétaires ?
Surtout que le propriétaire du château entre 1831 et 1845,
à l'époque de nos marquoirs donc,
était un amiral anglais, un certain John Duff.
Quoi ! Une famille anglaise au château !
Voilà qui est fort intéressant.
Vous souvenez vous la semaine dernière, ICI, je vous avais fait remarquer
la présence surprenante de certains motifs anglais sur ces marquoirs
pourtant de composition typiquement française.
Peut-être y avait-il des religieuses qui enseignaient
la broderie au château vers 1840 ,
et peut-être ont-elles repris certains motifs vus sur le sampler de Mme Duff .
Avouez que l'explication est tentante ….
Peut-être complètement fausse, mais bien tentante.
Je vous laisse, je vais continuer à broder la belle cathédrale de Florentine.
Que j'aime broder ce marquoir ! vous n'imaginez pas à quel point !
Bon week-end à toutes et tous.
Le marquoir de Florentine sera bientôt disponible chez Creative Poppy
mais je rapelle que vous pouvez aussi broder celui d'Euphrasie,
c'est une grille de Shakespeare Peddler, mais hélas difficile à trouver aujourd'hui.