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Couleur Tourterelle

14 avril 2024

Pourquoi marquoir, pourquoi si tard - 2

clic



Alors pourquoi marquoir, pourquoi si tard ?



Partons de cette constatation : 

La plupart des marquoirs, quel que soit le pays, 

sont faits dans le cadre scolaire.


Notons aussi que généralement  les marquoirs sont plus nombreux, 

plus anciens, et plus beaux dans les pays protestants. 
Elias Porzelius- Allemagne



L’enseignement, la religion, 

plus une petite pincée de lois somptuaires, 

là est peut-être l’explication.



Les idées réformistes ont très vite mis en avant l’importance de l’instruction 

et pour cela on va créer des écoles pour que tout le monde, 

y compris les filles, puisse lire les textes sacrés.



En Angleterre, pays tellement riche en samplers magnifiques, 

on va avoir plus vite et plus tôt qu’en France beaucoup d’écoles.

Et qui dit beaucoup d’école, dit …. concurrence entre les écoles !

Et oui, elles étaient payantes ces écoles le plus souvent, 

et si elles ne l’étaient pas, s’il s’agissait d’institutions charitables,

il fallait avoir de généreux donateurs.



Alors il fallait se distinguer aux yeux des parents et des donateurs, 

avoir les meilleurs professeurs, les meilleurs résultats. 

Et quelle meilleure pub que de montrer combien les élèves 

qui sortent de l’école sont cultivées 

(enfin …. pas trop trop trop non plus, ce sont des filles quand même), 

mais aussi talentueuses, regardez comme elles jouent bien du piano, 

admirez leurs jolis paysages aquarellés, 

et bien sûr regardez les magnifiques samplers qu’elles ont brodés. 




Des samplers aux motifs et points riches et variés, 

mais aussi des samplers qui montraient combien elles étaient instruites, 

des samplers avec des pages d’histoire, des cartes géographiques, 

des opérations mathématiques, etc



Et en France ?

Et bien la France était catholique, et il faut bien le dire, 

l’instruction n’était pas une priorité, encore moins pour les filles. 

Au XVII et XVIII l’enseignement est quasiment exclusivement religieux, 

et le grand souci de l’église n’était pas d’instruire les enfants, 

mais de contrer les idées réformistes. 


On a donc

- Très peu de filles scolarisées,

- qui ont une instruction essentiellement religieuse, 

- et des religieuses enseignantes sans grande qualification. 



C'était religion, religion, religion !

Prière et sermons !

+ quelques bases de  lecture quand même.



On ne va pas apprendre la géographie, 

les mathématiques, etc,  ou alors très peu .

Une femme n’a pas besoin de savoir tout ça 

pour être une bonne épouse et une bonne mère 😋


Par contre, vu qu’il ne fallait pas leur apprendre 

trop de choses aux gamines,

fallait bien les occuper un peu quand même, 

alors on leur faisait faire moult travaux d’aiguilles.

Mais attention, des travaux d’aiguilles utiles et nécessaires, 

la couture essentiellement.



Et la broderie ?

Grand Dieu non !

Enfin si, 

savoir tracer des lettres pour marquer le linge qu’on a cousu, ça oui …. 

Mais pas plus !

Plus… ce serait trop, 

on tomberait vite dans la frivolité, le luxe, voire même, l’interdit !



Pourquoi interdit ?

Depuis François Ier, tous les rois 

ont fait la chasse aux riches étoffes, aux dentelles, aux broderies,

car la noblesse adorait se parer des vêtements les plus luxueux 

et des dentelles les plus chères.

On dépensait des fortunes, et même on se ruinait pour cela, 

on disait que certains 

« portaient leurs moulins et leurs forêts sur leurs épaules ». 
Et en plus comme ils achetaient tout ça à l'étranger, 

les rois faisaient la grimace. 😠



Ils ont donc pondu plein de lois sur le sujet, 

dites « lois somptuaires »  

qui détaillaient  ce que chacun pouvait porter ou pas, 

en fonction de son rang social, 

et bien sûr plus on était au bas de l’échelle, 

moins on pouvait porter de fioritures.



Si ces lois visaient les nobles à l’origine, 

elles n’eurent guère d’effet sur eux.

Bien sûr le peuple n’avait jamais pu 

s’acheter de beaux vêtement brodés, 

mais du coup, il ne pouvait même pas se les fabriquer.
 

Les somptueux costumes brodés bretons par exemple 

sont bien faits et portés par le peuple 

mais ils datent du XIXème seulement, 

quand ces lois ont complètement disparu,

un peu comme pour nos marquoirs.



Alors bien sûr il y a eu la révolution qui aurait dû libéré tout ça.

Mais non, au contraire, pour un révolutionnaire, 

broderie = noblesse = guillotine

J’exagère un p’tit peu .... quoiqu’ils ont bien guillotiné des brodeuses.
😱




Bref, dans ce contexte, à quoi bon apprendre à broder, 

à quoi bon faire des exercices avec des points compliqués, 

et des modèles très décoratifs.

On se contentait de point de marque utile, et surtout  

« Point d’ouvrage exquis et d’un trop grand dessin »

On brodait juste ... des Marquoirs.



Résultat ?

Au XVIIème quand en Angleterre on brodait ça,
clic



En France on brodait le Notre Père


Quand au XVIIIème siècle en Angleterre on brodait ça
clic


En France, on remerciait sa tante 

de vous avoir permis de rentrer au couvent


Et quand les bonnes sœurs se lâchaient ! 

quand elles faisaient broder des motifs 

C’était des petits motifs pas vraiment identifiables,

ou avec une symbolique religieuse, 

comme ça on pouvait pas être soupçonné

de céder à la frivolité .
(livre Abécédaires brodés de Catherine Pouchelon)



En regardant cet ouvrage de 1745, écrit en français, 

avec un nom français

On pourrait se dire « ah ben là,  ça ressemble à kekchose ! »
Oui mais non, c’est pas français ça !

Le style, les motifs, c’est 100% british

Brodé par une petite française peut-être …. mais en Angleterre !





Voilà …. J’ai tendance à croire à ces explications 

lues à différents endroits,

mais j’ai encore pas mal d’interrogations.

Because des lois somptuaires par exemple,

 il y en a aussi eu en Angleterre.



Et si la très catholique Italie a aussi des marquoirs 

très simples et tardifs comme en France,
clic



pourquoi la catholique Espagne a-t-elle brodé 

très tôt de telles merveilles ?
clic

Avec une influence arabe assurément



Hélas, nos marquoirs d’Europe du sud sont si peu documentés,

on a tant de chose encore à apprendre, à comprendre

ça promet d'être passionnant !😀

 

 

Si vous avez eu le courage d'aller jusqu'au bout de cette article,

 

et pour vous souhaiter un bonne semaine,

 

voici une délicieuse gravure flamande du XVIIème :

 

Après-midi broderie pour la Vierge Marie et ses copines.

 

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7 avril 2024

Satanées couleurs !!

 


Oui, c'est vrai, je devais écrire la suite

de mon article de la semaine dernière

mais je n'ai pas du tout eu la tête à ça cette semaine :

j'ai été entièrement accaparée par un casse-tête infernal !



Alors pour me faire pardonner, 

je vous écris un petit billet rapide sur cet éternel casse-tête :

Trouver les bonnes couleurs !



Parfois ça glisse tout seul

comme pour le petit marquoir de Louise Julien.

(ici en cours, mais je viens de le terminer)
Il y avait beaucoup de couleurs, mais très bien conservées 

à l'arrière du marquoir, du coup, à part pour le rose pâle

je n'ai pas beaucoup galéré.



Mais après Louise, j'ai décidé de broder 

cet adorable petit marquoir des Pays Bas 


Il a quand même 300 ans ! 303 exactement.

Il a malgré tout été facile à dessiner, le fil était solide

il ne manque pas de points,

mais il ne reste pas grand chose des couleurs

(elles sont dans le même état à l'arrière)



Alors que faire ?

Le reproduire avec ses couleurs actuelles ?

c'est respecter l'original .... 

mais je pense que c'est aussi le trahir.

Il n'a pas été brodé tel qu'on le voit aujourd'hui bien sûr.



Alors j'ai longtemps regardé ....

Le rouge, le vert, le marron sont encore bien visibles.

J'ai choisi des soies dans les mêmes tonalités.

Mais bien sûr mes soies sont neuves et brillantes,

le résultat est beaucoup plus vif.



Et pour le reste, au premier coup d'œil, 

tout paraît beige, taupe.

Mais on finit par percevoir nettement des différences.
 

On voit d'abord très vite où il y a eu du bleu.

Et puis on distingue des endroits où le beige est plus blanc,

d'autres avec un beige plus doré, ou plus foncé.



Et là, j'ai décidé de prendre des libertés.

Heureusement les anciens samplers des Pays Bas 

ont souvent la même gamme de couleurs.

Alors je me suis inspirée de marquoirs anciens mieux conservés

pour essayer de "reconstituer" le bleu et les différentes tonalités

de jaune-brun-doré.


J'en ai fait des essais !

J'en ai testé des teintes !

Bien sûr quand je regarde l'ancien et que je regarde ma broderie

tellement plus vive est "pétante", je me fais peur.


Alors je me rassure en regardant cette autre photo d'ancien,

il est dans les tons plus roses que le mien, peu importe,

il montre combien ces samplers néerlandais étaient vifs et gais à l'origine.


J'espère avoir bien détecté et dosé les couleurs d'origine.

Je ne suis toujours pas sûre d'avoir fait le bon choix au départ,

mais même si j'ai fait des erreurs, je pense que l'aspect général 

est plus proche de ce qu'était l'original dans sa jeunesse.



Et je crois que la petite brodeuse de 1721 préfèrerait voir "mes" couleurs

plutôt que celles trop éteintes de son ouvrage aujourd'hui.



Et dire que j'ai passé pratiquement une semaine

à choisir à peine une dizaine de couleurs.

Je me désole moi-même !
😪


Mais bon, maintenant je vais pouvoir broder tranquillement,

 et commencer même à réfléchir à quel sera mon prochain encours ....



Bon week-end à toutes et tous

(les deux photos de gros plans d'anciens

viennent du très beau livre "Letter voor letter")

 

30 mars 2024

Pourquoi marquoir ? Pourquoi si tard ? - 1



Je vous propose un billet en deux épisodes

Aujourd'hui on va se contenter de poser les questions.

Pourquoi dit-on "marquoir" ?

Et surtout,
 
pourquoi a-t-on fait si peu de marquoirs en France,

Pourquoi a-t-on commencé si tard ?

et pourquoi sont-ils si "simples" ?


On ne peut répondre avec certitude à ces questions 

mais on évoquera la semaine prochaine,

 une hypothèse assez crédible.
  



Pourquoi dit-on "marquoir" ?

On sait que cela vient du verbe "marquer"

marquer le linge, en y brodant ses initiales.

Mais c'est un mot que je n'ai jamais vu sur les marquoirs eux-mêmes


Les petites filles parlaient de "marque" et non de "marquoir"

comme sur l'image en tête de ce billet,

ou sur ce marquoir marseillais de 1832 par exemple
 


Quand a-t-on commencé à dire "marquoir"

à rajouter le préfixe "oir" ?

je ne sais pas exactement.


En tout cas en 1836, dans son ouvrage 

"Nouveau manuel complet et méthodique des aspirantes

aux diplômes de maitresse de pension ou d'institution"

Jules Delalain emploie ce mot :

"On fait avec le point de marque toutes les lettres 

de l’alphabet et tous les chiffres ;

il suffit pour cela de les voir tracés sur un modèle, 

qu’on appelle marquoir. "



Marque ou Marquoir, peu importe finalement,

en tout cas l'appellation française est très restrictive .

Il s'agit juste de savoir marquer, de tracer des lettres sur le linge.

(Même si, en réalité, on voit aussi des motifs sur nos marquoirs)


Alors que dans les autres pays on dit plutôt  "échantillonneur"

ainsi :

Sampler en anglais (qui vient d'ailleurs du mot français "exemple")

Dechado en espagnol

Merklap en néerlandais

Imparaticcio en italien

etc....


La traduction de tous ces mots est "échantillonneur".

Ce sont donc des ouvrages pour faire des échantillons,

 au sens large, pas juste des lettres.




Autre différence notable entre la France et tous ces pays,

 l'histoire des marquoirs français est très courte.

On n'a commencé à broder des marquoirs

en France qu'au début XIXème

(je ne connais que 3 ou 4 marquoirs XVIIIème!)



Alors qu'on trouve des marquoirs beaucoup plus anciens dans d'autres pays

le Royaume Uni, les USA, les Pays Bas ...

Tout le monde connaît par exemple la célébrissime sampler

de Jane Bostocke brodé en 1598 !
clic


Et enfin évoquons la simplicité des marquoirs français,

dans la composition et dans la technique  avec

  presque uniquement du point de croix.

Regardez ce détail d'un sampler anglais XVIII ème,

Je n'ai jamais vu cette richesse de travail sur un marquoir français

clic


On comprend le sens du mot "échantillonneur"

quand on voit les samplers qui suivent par exemple

avec des points complexes, des motifs complexes.

On apprend à broder de belles choses,

on cherche à être le plus riche et le plus décoratif possible. 


néerlandais
clic


américain
clic


espagnol
clic


Et oui ... rien de toute cette richesse de points

et de cette luxuriance en France

pourquoi ?

.... à suivre


Bon, pour nous consoler

rien de mieux que de nous plonger dans le chocolat ! 😂

Bonnes fêtes de Pâques à toutes et tous

24 mars 2024

Rassarcissoir



Un bien beau travail que celui de Suzanne Grenier

C'est ce qu'on appelle un marquoir de reprises,

de reprises et de points damassés en l'occurrence.


Un autre marquoir de reprises, plus simple,

 

plus scolaire.



Et voici un superbe Stoplap

c'est le nom qu'on leur donne aux Pays Bas

et c'est une spécialité du pays, il y sont très nombreux et magnifiques
clic


Si je vous en parle, c'est parce qu'il y a peu,

j'ai trouvé cette image dans un livret,

c'est un marquoir de reprises suisse
(photo du livre Samplers par Chrsitine Stevens)


Zoom sur le texte :

"Rassarcissoir fait par Henriette

Lendrieu au couvent de Berne"


Un rassarcissoir ! 

c'est la première fois que je voyais ce nom pour ce genre d'ouvrage.


Une des brodeuses à qui je faisais part de ma découverte m'a appris

que rassarcir voulait dire repriser en patois lorrain.

J'ai vu ensuite que l'on disait rassarcir à Lille aussi.

Cela vient du latin rassarcire = repriser, raccommoder



Et chez vous, dit-on rassarcir aussi ?



En tout cas, moi, j'ai adopté ce mot !

Je ne dirai plus "marquoir de reprises"

mais rassarcissoir dorénavant, j'adore ce mot 😄


Et pour finir ce court billet

voici un très beau rasscissoir anglais

sachant que de l'autre côté de la Manche

on appelle ça un darning sampler
 clic

Un peu tard pour dire bon week-end

 

mais je vous souhaite un bon dimanche après midi.

 

16 mars 2024

Héloïse Duchat 1823

 


L'histoire commence le 19 février 1816 à Troyes,

rue Notre Dame (actuelle rue Emile Zola)


Ce jour là, Catherine Rosalie QUIBAILLE, 24 ans,

donne naissance à une petite fille
 

Catherine Héloïse DUCHAT


Le papa, Laurent DUCHAT, a 29 ans et il est négociant.

Peut-être négociant en toile car il était 

d'une famille de fabricants de toiles.


Héloïse ne semble pas avoir eu de frère et sœur.

Elle deviendra orpheline de mère à 14 ans seulement.




Et on la retrouve à peine 4 ans plus tard, le 28 juillet 1834.

Ce jour là Catherine Héloïse DUCHAT, 18 ans ,

épouse François Apolinaire Auguste JEAN LACOUTURE, 26 ans.


La signature de l'acte nous confirme que le

prénom usuel de la mariée était bien Héloïse


Mais la lecture de l'acte de mariage comporte des éléments étranges,

qui laissent supposer que ce jour 

ne fut peut-être pas le grand jour de fête

que l'on peut imaginer.


L'acte précise que Laurent Duchat n'est pas présent

mais a donné son consentement la veille devant notaire.


Il y est dit aussi qu'il y a eu une dérogation spéciale du tribunal

de première instance pour que le mariage puisse avoir lieu

avant la deuxième publication de bans .


Il semble qu'il y avait urgence à ce mariage,

et j'ai supposé que Laurent Duchat était très malade,

et que se sachant mourant, il ait souhaité précipiter la date

de la cérémonie pour que sa fille unique, encore mineure,

soit mariée et à l'abri avant qu'il ne meure.


Et effectivement sur le registre d'état civil,

deux jours seulement après le mariage,

on trouve l'acte de décès de Laurent Duchat, 47 ans.


Le mari d'Héloïse, Auguste,  était négociant

et habitait lui aussi rue Notre Dame.

 

 

En 1839 un petit garçon, François, viendra agrandir la famille

mais hélas il mourra à l'âge de trois ans seulement.

Puis naitront Lucie en 1840, Paul en 1845, et enfin Joseph en 1848.





Héloïse s'éteindra à l'âge de 84 ans, le 8 décembre 1900,

entourée de ses enfants comme le laisse supposer l'acte de décès

des enfants venus de loin parfois, 

car Lucie a épousé un juge de Paix

et  est allée vivre à Neuilly l'Evêque.


Paul est devenu magistrat,

 en 1900 il est avocat général à la cour d'appel de Rennes.


Seul Joseph, "propriétaire" (sans plus de précision), 

vivait encore à Troyes.

Auguste le mari d'Héloïse était mort depuis quatre ans.


Ainsi se termine donc

 l'histoire de cette fillette de 7 ans

qui a brodé deux petits marquoirs jumeaux,

des cadeaux destinés sans doute à ses parents,

ou peut-être à ses grands mères .

Deux petits marquoirs qui ne se sont jamais quittés.


Deux marquoirs délicats et tendres, datés de 1823

J'ai eu vraiment un grand coup de cœur

pour ces deux petits trésors.


Sur l'un on lit "je vous l'offre de tout cœur"

et sur l'autre "je vous l'offre pour un bouquet"


Les deux ont la même ravissante petite frise

rose sur l'un, bleue sur l'autre


Les deux ont un grand bouquet central 

bleu sur l'un, rose sur l'autre


Voici les reproductions à côté des originaux.

L'un est dans un cadre noir, l'autre doré.

J'ai pourtant vraiment l'impression que ce sont leurs cadres d'origine.


De tout coeur


Pour un bouquet


J'ai choisi d'utiliser les couleurs visibles à l'arrière

pour retrouver ces marquoirs dans leur fraicheur d'origine.

Les teintes sont donc plus vives, 

et parfois même complètement différentes .

Ainsi certaines fleurs paraissent bleues aujourd'hui

alors qu'on découvre sur l'envers qu'elles étaient pourpres à l'origine.

 
 


Les reproductions ont été brodées en soies d'Alger

sur un lin 16 fils
.

Vous trouverez les grilles (les deux ensemble) chez Creative Poppy

En français : CLIC

English chart : CLIC


Bon week-end à toutes et tous

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8 mars 2024

Juliette Lévêque 1913

 


Un court billet 

d'abord pour m'excuser des nombreux mails

que vous avez reçus la semaine dernière.

Celui concernant Elisabeth Thévenot était légitime,

mais les autres qui concernaient d'anciennes publications

 ont été envoyés par erreur.

En effet Canalblog vient de "déménager" chez Overblog

et je ne suis pas encore très à l'aise avec les nouveautés.

J'espère ne pas faire d'autres boulettes .



Et puis ce billet a aussi pour but 

de vous présenter une petite marquette

que vous connaissez peut-être déjà 

si vous suivez ce blog depuis longtemps,

et qui est disponible maintenant chez Creative Poppy


Juliette Levêque 

née le décembre 1913


Une marquette rouge classique, très classique même

puisqu'on y voit encore la croix de par Dieu devant l'alphabet

alors qu'elle a sans doute été brodée vers 1920,

Juliette étant née en 1913.


Une marquette rouge ....

mais pas une marquette entièrement rouge


Je l'ai brodée en DMC sur 1 fil de toile

mais elle peut tout à fait être brodée sur 2 fils ou sur une Aïda.

La voici posée sur l'originale qui a été brodée en laine sur du canevas


Disponible chez Creative Poppy

La grille en français CLIC

English chart : CLIC


Et pour finir une  photo de mon ouvrage du moment

un charmant petit cerf
 
Bon week-end à toutes et tous
1 mars 2024

Elisabeth Thévenot 1851

 



Voici le petit marquoir brodé par

Elisabeth Thévenot en 1851

Pour sa "bonne maman", 

c'est ainsi que l'on appelait sa grand mère à cette époque.



Bien sûr c'est cette délicieuse demoiselle en bleu 

qui fait en grande partie le charme de ce marquoir


mais les autres éléments, plus classiques,

sont aussi ravissants, comme ces oiseaux avec leurs oisillons


Le texte est touchant, on voit que ce fût

une véritable épreuve pour cette petite fille de 7 ans :

regardez les lettres toutes de guingois, sans parler des fautes.


L'original a été brodé en laine

il a hélas servi pour décorer un fond de plateau

Elisabeth aurait été bien triste de le voir ainsi tâché


Même si les couleurs sont plutôt bien conservées

j'ai repris les couleurs de l'arrière, ainsi le canari de droite

 a-t-il retrouvé sa couleur jaune vif d'origine


Je l'avais brodé une première fois il y a quelques années.

Quand je l'ai ressorti pour préparer la parution du modèle,

les couleurs que j'avais choisies ne me convenaient plus

il faut dire que ma palettes de soies d'Alger 

était beaucoup moins importantes à l'époque.


Je l'ai donc rebrodé l'été dernier 

avec des couleurs plus fidèles à l'original.


Elisabeth Gabrielle Léontine Thévenot est née le 29 octobre 1844 à Meudon.

Elle était la fille d'Antoine Adolphe Thévenot, journalier,

et de Marie Catherine Elisabeth Delaunay, blanchisseuse.
Bien sûr j'ai aussi cherché les grand-mères.

Et bien elles se prénommaient toutes les deux Marie Elisabeth,

et elles étaient toutes les deux blanchisseuses.



Alors devinez quelle était la profession de notre Elisabeth

le 6 septembre 1864,

quand elle a épousé François Etienne Joachim JACQUELIN ?

Elle était blanchisseuse bien sûr !



Lui est garçon boucher, mais deviendra très vite "maître blanchisseur"

Ils auront quatre enfants, François, Louis, Virginie et Auguste.


Plus tard ils abandonneront quand même le métier de blanchisseurs

pour devenir marchands de vin.



Elisabeth mourra le 10 mai 1926, 

rue de Bourgogne à Meudon, elle avait 82 ans.
 
Le modèle est disponible chez Creative Poppy

En français : CLIC

English chart : CLIC


Je vous souhaite un très bon week-end
 
23 février 2024

Jane Butcher 1811



Jane Butcher 1811 04



Je voulais ce week-end vous présenter

un sampler très cher à mon cœur :

Jane Butcher 1811



Jane Butcher 1811 08



Cher à mon cœur pour deux raisons.

D'abord parce que c'est un sampler de Norfolk

et que je suis toujours émerveillée devant leur charme,

 leur douceur, leur gaieté, leur fraicheur ....

bref, ils sont irrésistibles !!!!

Tellement beaux que j'ai prévu

d'écrire 1 ou 2 billets dans les semaines qui viennent

 pour vous en parler en détail.



Et cher à mon cœur car j'ai vraiment eu un grand plaisir à le broder

avec ses couleurs lumineuses, ses motifs et ses points variés.

(tous les points sont expliqués dans la fiche bien sûr)

De plus, malgré sa grande taille, il se brode assez vite.



Détaillons le si vous voulez bien.

Après la classique frise de fraises, 

Jane nous offre un superbe zigzag en point Florentin

Jane Butcher 1811 17



Plusieurs alphabets dont un grand alphabet rouge en point d'œillet algériens

Jane Butcher 1811 18



Un texte classique des samplers de Norfolk

louant les bienfaits d'une bonne éducation.

Vous y remarquerez qu'en 1811, en plus du s classique,

on utilisait encore le s long qui ressemble à un f

Ainsi Jane a-t-elle écrit "addreſs" au lieu de "address"

(tout est expliqué dans la fiche

mais nous en avions aussi parlé ICI )

Jane Butcher 1811 13



et puis bien sûr, pas de sampler de Norfolk sans la bande de cartouches

avec fleurs et animaux, Jane a choisi un cerf

Jane Butcher 1811 07



Et le cerf n'est pas le seul animal qui anime ce sampler



Il y a des canaris du Norflok

Jane Butcher 1811 20



Des oiseaux à rayures, des petits chiens noirs

Jane Butcher 1811 10



et de charmants écureuils

Remarquez que Jane a souligné tous ses petits motifs

par quelques traits en point avant

Jane Butcher 1811 09



Le cerf est brodé au petit point sur 1 fil

Jane Butcher 1811 23



Comme Jane, j'ai brodé ce sampler en soie.

De belles couleurs de soie d'Alger sur une toile Zweigart 16 fils.

Jane Butcher 1811 22



Le sampler original de Jane a hélas souffert,

la couleur des fils est assez bien conservée

par contre c'est la toile qui est devenue très sombre 

et qui étouffe les belles couleurs de la soie.

Jane Butcher 1811 27 original



Broder ce sampler sur une toile claire permet de lui faire retrouver toute sa fraîcheur.

Jane Butcher 1811 33 repro et original



Jane Butcher 1811 30 repro et original



Le modèle est disponible sur le site Creative Poppy

En français : CLIC

English chart : CLIC



Bon week-end à toutes et tous

Jane Butcher 1811 06

16 février 2024

A la loupe n° 39 : Une loupe dans le dos

 

loupe 39 01

 

Un charmant sampler US

vu cette semaine sur un site d'enchères (clic)

avec un petit couplet sur la courte durée de vie des roses,

extrait d'un hymne moralisateur ... mais peu importe le texte.

 

Ce qui me chagrine, c'est qu'il n'est ni signé, ni daté

la petite brodeuse risque d'être oubliée à jamais.

 

Mais c'est sans compter sur l'amour et le respect

des anglo-saxons pour leurs samplers.

Et il n'est pas exceptionnel de découvrir 

ce genre de chose au dos des cadres.

loupe 39 04

 

Des notes, pour que le lien ne soit pas rompu entre la brodeuse et son ouvrage.

Ici, c'est particulièrement émouvant car on voit

comment il a été transmis de génération en génération.

 

Vous lirez en haut de chaque photo la traduction du texte

et en bas ce que je crois en avoir compris

 

Nous allons lire les étiquettes dans leur ordre chronologique,

la plus ancienne étant tout en bas

 

 

"Ce sampler a été brodé par Ann Bourke

de Lakeview, Castelbar, comté de Mayo en Irlande

quand elles avait 13 ans, ce devait être vers 1848.

En 1857 Ann Bourke devint Mme Michael Granaham,

elle est la mère de Mme James Woolley (née Teresa Granaham)"

loupe 39 07

 

Elle s'appelait donc Ann Bourke

Et Ann Bourke-Granaham a offert son sampler

à sa fille Teresa Granaham-Woolley,

 

"Ce sampler appartient à Teresa C Woolley

il lui a été offert par sa mère (Mme JF Woolley)

l'étiquette est déchirée, on lit juste 1931 et le nom de Granaham

Teresa C Woolley devint Mme Arthur P Guerrero en octobre 1949"

loupe 39 06

Je crois comprendre que Teresa Granaham-Woolley,

(fille de la brodeuse)

va à son tour offrir ce sampler à sa fille Teresa Woolley-Guerrero

(petite fille de la brodeuse)

 

"Ce sampler a été offert à ma nièce Jane Woolley Liggierie

par moi Teresa Wooley Guerrero.

Il a été brodé par ma grand-mère et l'arrière-grand-mère de Jane

il y a plus de 100 ans"

loupe 39 05

Et c'est la petite fille d'Ann, Teresa Woolley-Guerrero

qui va écrire la dernière étiquette.

Elle n'a sans doute pas eu d'enfant,

je crois comprendre qu'elle s'est mariée assez tard.

On apprend donc sur cette  étiquette qu'elle a offert ce sampler familial

à une de ses nièces, la fille d'un de ses frères certainement,

Jane Woolley-Liggieri , arrière petite fille de la brodeuse

 

Voici en image la lignée de celles qui ont eu ce sampler sous les yeux

pendant une partie de leur vie

Ann Bourke

 

Hélas la transmission de mère en fille ou en nièce s'est arrêtée là

et le sampler d'Ann Bourke est maintenant en vente.

J'espère juste que son acheteuse saura garder et transmettre son histoire.

 

 

On n'a  pas cette même culture et respect des samplers en France.

A part quelques passionnés parmi lesquels ceux

qui me font l'honneur de fréquenter ce blog,

les "vieux abécédaires" sont souvent regardés avec condescendance.

Je suis sûre que beaucoup ont fini à la poubelle

en tant "vieux truc abimé" et "qui veux-tu qui s'intéresse à ça "

pommes

Alors les notes au dos des cadres sont très rares.

Très rares, mais ça arrive comme ce petit marquoir de ma collection

loupe 39 10

 

là aussi aucune indication sur la brodeuse

mais j'ai eu la surprise de découvrir ces papiers collés au dos

loupe 39 11

 

"Ce canevas a été brodé par ma tante Clarisse Mélanie Galtier,

sœur de mon père, à l'âge de 10 ans,  née en 1835

C Galtier"

loupe 39 08

 

Et puis il y a une grande image de communion au bas de laquelle on peut lire

d'abord un mot que j'identifie mal, comme Clre ???

puis "Mélanie Galtier a fait sa 1ère communion

dans l'église St Théodore le 28 du mois de mai de l'année 1846"

loupe 39 12

Un tampon en bas m'apprend qu'on est à Marseille

loupe 39 09

 

J'ai ébauché une petite recherche rapide mais hélas pas encore trouvé Mélanie.

Les recherches sont laborieuses dans les très grandes villes comme Marseille.

D'ailleurs s'appelle-t-elle Clarisse Mélanie Galtier ?

ou parle-t-on d'une  tante Mélanie Galtier qui était Clarisse ?

car il y avait je crois des Clarisses à Marseille.

 

Les étiquettes ne font pas tout, elles aident,

mais j'ai encore du travail !

 

Bon week-end à toutes et tous.

 

12 février 2024

Marie Beroud 1897

 

Marie Beroud 1897 01

 

Marie Beroud 1897

est arrivée chez moi la semaine dernière,

un marquoir simple, classique, sage,

rien d'exceptionnel, mais quelle délicatesse !

 j'ai tout de suite été conquise par son charme.

 

Marie Beroud 1897 09

 

Une délicatesse et une fraîcheur encore plus irrésistibles

quand on découvre les ravissantes

couleurs d'origine à l'arrière du marquoir.

 Marie Beroud 1897 14

 

Hélas Marie n'a rien indiqué d'autre que son nom,

une date et un mystérieux F

Marie Beroud 1897 04

 

Beroud est un nom très répandu, Marie encore plus bien sûr,

 je n'aurais eu aucune chance de la retrouver si le vendeur

ne m'avait donné une piste précieuse en me disant

où et dans quelles circonstances il l'avait récupéré.

 

Alors je me suis précipitée sur mon ordinateur pour voir

si ce petit bout de fil allait me permettre de dérouler toute la pelote.

 

Marie Beroud 1897 12

 

C'est tellement chronophage

mais tellement passionnant, palpitant même de chercher, trouver,

se perdre .... et puis récupérer une trace.

Mais j'avoue que je suis fière et émue d'avoir ainsi pu sauver

in extrémis le lien si fragile entre la brodeuse et son marquoir.

 

Alors aujourd'hui j'avais envie de vous parler de Marie Beroud.

  

Marie Beroud 1897 05

 

L'histoire commence le 5 juillet 1883 à Condal dans l'Ain.

Ce jour là, on festoie et on danse, c'est le mariage de

Francisque BEROUD 29 ans,

instituteur public à Saint Nizier le Bouchoux

et  Philomène PIRAT, 21 ans, sans profession.

  

Philomène quitte ainsi Condal pour s'installer avec Francisque

à Saint Nizier le Bouchoux, et c'est peut-être dans cette école

que Francisque enseignait.

saint nizier ecole

 

Le 21 novembre 1884 notre instituteur va devenir papa,

Philomène a en effet donné naissance

à une petite Marie Philomène Emilie .

Il s'agit de notre petite brodeuse

qui sera  la seule enfant du couple.

 

Marie Beroud 1897 08

 

Mais le bonheur est de courte durée :

Que s'est-il passé en 1887 ?

Alors que la famille était toujours domiciliée à Saint Nizier,

c'est à 70 km de là, chez ses parents, à Fareins,

que notre instituteur décède le 17 septembre,

il n'avait que 33 ans.

 

Philomène va alors s'installer avec sa fille de 3 ans

chez ses beaux parents à Fareins. 

La famille habite dans le village même,

et on imagine bien la petite Marie courant dans cette "grande rue"

Fareins grande rue

 

En 1897, l'année du marquoir,

Marie a 12 ans , elle vit toujours à Fareins 

Le F du marquoir est certainement le F de Fareins.

Marie et sa maman habitent toujours chez la grand-mère devenue veuve elle aussi.

Marie Beroud 1897 11

 

Vous remarquerez que Marie, la fille de l'instituteur public de Saint Nizier

a dû aussi aller à l'école publique,

car il n'y a aucun signe religieux sur son marquoir

pas de croix de par Dieu devant les alphabets,

pas de monogrammes de Jésus et Marie,

juste des fleurs, des oiseaux et un petit chien.

 

Marie Beroud 1897 02

 

Le 15 décembre 1906, Marie a 22 ans

et elle épouse  Eugène BERNARD, 25 ans.

Voici la timide signature de Marie sur son acte de mariage.

 Marie Beroud 1897 16

 

Elle est déclarée sans profession, Eugène est "propriétaire"

peut-être avait-il des vignes car sur recensement plus tard

il est noté qu'il est "Viticulteur exploitant".

Marie, accompagnée de sa maman, va ainsi quitter le bourg

pour s'installer au Néprat, un hameau de Fareins.

Philomène vivra chez sa fille et son gendre jusqu'à sa mort en 1928.

 

Marie Beroud 1897 06

 

Eugène et Marie n'auront qu'un seul enfant, une petite fille

Catherine  BERNARD, née le 4 décembre 1912.

 

Marie deviendra veuve en 1954,

et elle mourra à Fareins le 18 avril 1962, elle avait 77 ans.

 

Marie Beroud 1897 07

 

Curieusement, je n'ai trouvé aucune tombe BEROUD

dans le cimetière de Fareins

(peut-être n'ont-elles tout simplement pas de photos sur le net)

 

Mais j'ai retrouvé Marie

 sur le monument de la famille DUPRAT

famille duprat 1

 

Sa fille Catherine a en effet épousé un certain André DUPRAT

elle est là d'ailleurs bien sûr avec son époux.

famille duprat 2

 

Ses parents reposent donc à ses côtés.

Mais alors que toutes les autres femmes citées sur ce monument

ont droit à leur nom de jeune fille et leur nom d'épouse

 Marie est nommée Marie BERNARD Veuve BERNARD

Je regrette que le nom BEROUD ait disparu

famille duprat 4

 

Mais si je n'ai pas trouvé les noms de Francisque et Philomène Beroud

sur les pierres du cimetière de Fareins

ce n'est pas grave

Car quelques grammes de lin et de soies sont aussi solides qu'une stèle de granit

pour traverser le temps et perpétuer la mémoire de 

 la famille Beroud de Saint Nizier le Bouchoux,

Philomène, 

et Francisque l'instituteur qui aurait été si fier

de voir les beaux alphabets de sa petite Marie.

 

Grosse panne de Canalblog ce week-end.

De plus Canalblog évolue, change de version,

ce matin tout avait changé, rien ne marchait.

Et puis là, par hasard, je suis tombée sur l'ancien "environnement",

j'en profite pour publier l'article qui était pratiquement prêt.

Par contre, je ne vous promets rien pour les semaines à venir,

ils ont l'air d'avoir pas mal de soucis avec leurs grandes manouvres.

 

Marie Beroud 1897 10

 

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